le témoignage de Mireille

« Aïe, choisir un seul moment … un seul je me souviens quand il y en a des centaines … allez je me lance, je me souviens de cette soirée au CSC un soir d’automne. Il fait nuit dehors et à l’intérieur ça fourmille. Ce soir-là a lieu l’inauguration de la soirée « Gadgé, manouches et si on faisait connaissance ?« . Cette soirée est l’aboutissement de plusieurs mois de travail d’un groupe de jeunes manouches et de bénévoles retraitées. Au fil du temps passé elles ont échangé, retracées les histoires de familles, les migrations, les installations, et échangées sur les stéréotypes d’un côté et de l’autre, bref elles ont fait connaissance autrement, de manière plus intime.

Nous voilà donc à ce soir d’inauguration pour une soirée animée par un sociologue, il y a du monde, il y a des élus et il y a des manouches, ce dont nous avons douté jusqu’au dernier moment. Et là, au milieu de tous ces adultes, je vois Jessy, à peine 17 ans, se lever et prendre la parole, parler de sa vision du monde et de ce qu’il faudrait pour le territoire demain, pour qu’il y ait moins de racisme. L’émotion que j’ai ressenti à ce moment-là je peux encore la toucher du doigt. Cette émotion elle est multiple, elle est douce et elle est belle, il y a du bonheur vraiment. Parce que le CSC est un outil incroyable et là il a permis à une jeune femme de 17 ans de s’émanciper à sa manière, s’émanciper du regard des adultes, s’émanciper du regard de sa communauté, s’émanciper du regard des politiques présents pour donner sa vérité. Cela peut paraître tout petit mais c’est tellement ça le CSC des petits pas collectifs et individuels qui mis bout à bout font de la vie, de la vie vraie, de l’émotion, du partage, du mouvement, du changement … et c’est pour tous ces petits pas que j’ai trouvé sens toutes ces années à venir au CSC comme des milliers de gens. »